Test Blue Prince : la pépite indé de l'année

Published in Tests
May 10, 2025
4 min read

Chaque année ou presque, un jeu indépendant centré sur la réflexion sort du lot et marque les esprits. Obra Dinn et son enquête, Baba Is You et son concept farfelu, Golden Idol et son ambiance unique, Lorelei and the Laser Eyes et son esthétique singulière, des jeux indispensables pour tous ceux cherchant à jouer autrement qu’avec des grosses bastons. Et Blue Prince fait assurément partie de cette catégorie de jeux à part, et se place peut-être bien parmi les meilleurs.

Vous aimez Tetris ?

Blue Prince se place à part des jeux de réflexion classiques car il apporte une idée de game design jamais vue auparavant. Imaginez un mélange entre roguelite et puzzle-game : ça peut sembler étrange, et ça demande d’effectuer une certaine gymnastique mentale avant de réussir à rentrer dedans. Mais une fois qu’on est dans le bain, ça devient carrément addictif.

On incarne Simon, jeune homme de 14 ans et héritier de son richissime grand-oncle. Ce dernier lui lègue son immense manoir, ce qui pourrait sembler être une chance inouïe au premier abord, mais évidemment il y a un twist : Sir Herbert Sinclair est un sacré farceur, et notre nouvelle propriété possède une particularité bien étrange. Outre sa taille conséquente, le manoir permet, lorsqu’on ouvre une porte, de choisir la pièce qui se trouve derrière parmi trois différentes. On progresse donc de salle en salle, qui doivent toujours être raccordées pour ne pas se coincer.

Screenshot Blue Prince

Chaque salle est unique et dispose d’une couleur : les bleues sont celles de base, les violettes sont associées aux chambres, les rouges ont tendance à avoir beaucoup d’ouvertures mais aussi des effets négatifs… Bref, il va falloir jongler entre différents paramètres pour réussir à progresser dans le manoir. Surtout que le petit Simon, avec ses petites jambes, il n’a pas une endurance illimitée : entrer dans une salle consomme un pas ; on commence une journée à 50 pas et on la termine lorsqu’on arrive à zéro ou que l’on capitule. Et ça, on le fait très souvent : malgré la présence de bonus associés à la run en cours et d’autres permanents qui vous suivront toute votre partie, vous n’êtes pas au bout de vos surprises, bonnes comme mauvaises.

L’aléatoire et ses aléas

C’est sans doute un des aspects les plus frustrants du jeu : en bon roguelite, chaque partie est dictée par la magie de l’aléatoire. Bien sûr, comme tout bon roguelike, Blue Prince vous donne aussi des outils et des bonus pouvant légèrement tordre le cou de ce paramètre imprévisible. Mais finalement pas tant que ça, et on se retrouve régulièrement à avoir des indices qui ne nous ont donné aucune information fiable ou utile.

Screenshot Blue Prince

Et là, on a envie de pester contre le jeu : certaines runs sont ultra généreuses, au point même où on se demande si le jeu ne nous prend pas pour un gros nullos ; puis celle d’après nous tombe sur le coin de la face, et là on pleure car à aucun moment le jeu ne nous offre un moyen de s’en sortir. C’est ce qui est le plus décevant à mes yeux : nos connaissances et notre compréhension du jeu et de ses mécaniques ont beau nous aider à arrondir les angles, ça restera toujours la RNG qui décidera pour nous sans qu’on ait notre mot à dire, ou même de quoi l’aiguiller un minimum.

Tout ça pour faire quoi, au juste ? Trouver la 46e pièce dans un manoir qui n’en compte que 45. Voilà l’objectif principal de Blue Prince. Mais c’est lorsqu’on progresse qu’on se rend compte du génie du dev – parce que oui, en plus c’est un dev unique qui a fait le jeu : en réalité, Blue Prince déborde de secrets dans tous les coins. Presque rien n’est là au hasard, et je ne vais évidemment rien dire de plus sur le sujet.

Jouer un détective aux poches vides

Parce que la richesse de Blue Prince, c’est ce sentiment d’exaltation lorsqu’on finit par raccrocher les wagons et voir doucement les pièces du puzzle s’assembler entre elles. Lorsqu’on repasse dans une pièce et qu’on remarque quelque chose qu’on avait loupé, parce que cette fois on a les bonnes clés de lecture. C’est un jeu d’une rare profondeur, où les secrets semblent s’empiler à l’infini. À vrai dire, si vous accrochez à la proposition, vous en avez sûrement pour des dizaines et des dizaines d’heures de plaisir, et parfois de frustration.

Screenshot Blue Prince

De la frustration, j’en ai notamment ressenti lorsqu’il m’a fallu prendre en photo le moindre document, et noter les noms. Parce que Blue Prince ne propose aucun historique des documents découverts, il vaut mieux être préparé sous peine de devoir se rappeler dans quelle salle se trouve le document, et là ça devient vite compliqué.

Le développeur précise toutefois que ce n’est pas un ARG et qu’on n’a besoin de rien d’extérieur au jeu pour tout faire, et c’est partiellement vrai. En effet, atteindre l’objectif principal ne demande pas de retenir quoi que ce soit ou d’avoir des connaissances spécifiques. Mais pour quiconque cherche à comprendre le scénario du jeu, un carnet de notes et un nombre conséquent de photos seront nécessaires.

Un cadre énigmatique

Fort heureusement, ça n’enlève rien à cette ambiance mystérieuse. Oui, on s’arrête souvent pour prendre des notes, mais on replonge presque instantanément dans les méandres du manoir. Pourtant, visuellement, ça reste assez simple : s’épancher sur l’aspect technique ne servirait pas à grand-chose, car il est juste fonctionnel. Par contre, artistiquement parlant, c’est un peu plus intéressant, grâce à cette sorte de cel shading qui ajoute un peu plus de surnaturel à ce lieu déjà pas banal. Se perdre dans le manoir ou son jardin, c’est vraiment plonger dans un univers nappé de mystère, et l’ambiance unique de Blue Prince aide à vouloir toujours y retourner.

Screenshot Blue Prince

Le seul bémol que j’ai pu noter concerne l’aspect sonore. Généralement très silencieux, Blue Prince aurait gagné à proposer quelques musiques et à appuyer son game design pour conférer au manoir une immersion encore plus forte. Là, on pourrait jouer sans son que ça ne changerait strictement rien à l’expérience, et c’est bien dommage. Pour autant, les quelques petits défauts relevés dans cette critique ne sont qu’une goutte d’eau dans un océan de qualités. Non pas par leur nombre, mais bien par leur intensité : Blue Prince repose sur un concept novateur qui nous rend addict et nous emporte dans une aventure dont on se souviendra longtemps.

Points positifs


Le concept unique
Devient rapidement addictif
La progression lente mais entrainante
La patte visuelle

Points négatifs


La RNG parfois frustrante
Ne pas pouvoir garder les documents
L'aspect sonore en deça

9
Indispensable
Cette critique est courte et probablement allusive pour une bonne raison : moins vous en saurez sur *Blue Prince*, plus l’intérêt sera grand. L’entièreté de l’expérience repose sur la découverte. Sachez simplement que si vous aimez les jeux de réflexion, les anomalies dans le genre de *Golden Idol* et que les roguelites ne vous rebutent pas – ou inversement –, allez-y les yeux fermés, vous ne serez pas déçu. Ce sentiment de progression pas à pas dans cet étrange manoir, avec son ambiance mystérieuse et ses nombreux secrets, c’est quelque chose qu’on vit rarement à travers un jeu vidéo. En tout cas, aussi intensément, et ce, malgré la frustration que peuvent apporter les mauvaises runs.
DonBear

DonBear

Fondateur

DÉVELOPPEUR :

Dogubomb

ÉDITEUR :

Raw Fury

DATE DE SORTIE :

10 avril 2025

PLATEFORME :

PS5, Xbox Series et PC (dispo dans le GamePass)

PRIX À LA SORTIE :

29,99 €

Testé sur PS5 grâce à un code fourni par
Gamersden
© 2025, All Rights Reserved.

Social Media