Preview The Wandering Village - Une belle bête

Ce n’est peut-être qu’une impression, mais j’ai le sentiment que les jeux de gestion tentent de plus en plus de se renouveler. Plutôt que de simplement copier un modèle où l’on doit faire grandir une communauté à tout prix, les concepts se diversifient et proposent des objectifs variés. The Wandering Village en fait partie, mais réussit-il à se démarquer ?

Une vie tranquille

Dans The Wandering Village, on prend le contrôle d’un peuple ayant emménagé sur le dos d’Onbu, une créature mythique et gigantesque. Et quand je parle de gigantesque, je parle d’un animal de la taille d’une montagne. À la manière d’un Airborne Kingdom, votre village se déplacera donc au sein d’une carte relativement grande. Mais ce qui distingue les deux, c’est que The Wandering Village place Onbu au cœur du jeu : prendre soin de lui est aussi important que le développement du patelin. Il mange, dort, peut tomber malade ou mourir ; et il vous incombe la tâche de veiller à sa santé.

Les débuts d’une partie sont classiques : accompagné d’un tutoriel plutôt bien foutu, le groupe doit être logé. Il faut construire des tentes, bien qu’on ne voie jamais personne aller se coucher. Bien sûr, la collecte de ressources va de pair avec les constructions, et ça tombe bien car le dos d’Onbu est rempli d’arbres et de pierres. De manière assez classique, la progression entraine la création d’un laboratoire pour les recherches, d’un bâtiment pour déclencher des explorations afin de récupérer diverses récompenses, de fermes pour la nourriture, etc. Quelques métriques sont à prendre en compte comme le climat ou le taux d’humidité, mais rien de bien compliqué.

Au-delà de son classicisme, The Wandering Village est surtout simple. La microgestion ne consiste qu’à déterminer un lieu de travail pour les inactifs, tandis que la macro ne demande pas une concentration hors norme. Les ressources nécessaires sont accessibles et peu nombreuses, preuve s’il en est que le jeu ne cherche pas à faire dans la difficulté. La progression est fluide mais oppose peu de challenge, le seul gros défi étant la gestion de l’espace limité sur le dos d’Onbu. Au fur et à mesure s’ajoutent quelques désagréments, comme les zones empoisonnées qui nécessitent une intervention rapide pour permettre la survie du groupe et des récoltes. Mais, encore une fois, rien d’insurmontable dès lors qu’on est préparé et qu’on réagit suffisamment vite.

Tout l’intérêt du jeu se porte donc sur Onbu, cette créature à la fois mignonne et imposante. Déjà parce qu’on est sur son dos, mais aussi parce qu’il devient rapidement nécessaire de conserver une relation de confiance et de veiller sur sa santé. Trois paramètres sont à prendre en compte : son taux d’empoisonnement, sa faim et sa fatigue. Pour le premier, entrer dans certaines zones empoisonnées lors du périple nécessitera la création d’un docteur dédié spécifiquement à la bête pour la soigner. Pour les deux autres, Onbu s’arrête parfois à certains endroits qui lui permettent de se nourrir ou de se reposer. Mais il est aussi possible de créer un bâtiment lui donnant de la nourriture, et un autre lui ordonnant de s’arrêter pour dormir.

Et c’est sans doute l’aspect le plus décevant à l’heure actuelle : les interactions avec Onbu sont peu nombreuses et aucunement intéressantes. On peut créer la tour du cor pour lui donner des ordres comme aller dans une direction plutôt qu’une autre, s’allonger ou courir, mais rien de transcendant. La créature est au centre du jeu, pourtant elle semble constamment ignorer notre présence. Que ce soit mécaniquement ou visuellement, jamais elle ne nous adresse un regard ou prend notre présence en considération. Alors oui, si elle nous fait confiance, elle écoute nos ordres. Mais ils sont tellement limités et sans trop d’impact qu’on y voit peu d’intérêt.

C’est finalement à l’image de cet accès anticipé : le contenu ne vous occupera pas plus de quelques heures. The Wandering Village possède un socle solide de mécaniques simples à appréhender et parfaites pour se détendre, mais trop peu diversifiées à l’heure actuelle. J’imagine sans mal que le problème sera réglé au fur et à mesure des mises à jour, mais pour l’instant, le jeu ne se résume qu’à un objet de détente. Après quelques parties, vous aurez déjà fait le tour des possibilités et aurez vu l’intégralité du contenu.

Reste alors l’occasion de profiter d’une direction artistique de toute beauté. Mélange de Ghibli et de BD franco-belge, les visuels sont très mignons et collent parfaitement à l’ambiance détendue du jeu. Les animations sont simples et très agréables à regarder, rendant le zoom à échelle humaine souvent divertissant – un fait assez rare pour être mentionné –. On s’y sent bien, dans The Wandering Village. Et les musiques composées par Nuketan accompagnent le tout à la perfection. Elles sont peu nombreuses, mais sont bien dans le ton du jeu et rappellent toujours un peu les œuvres du studio Ghibli.