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  • Preview The Invincible - un jeu narratif trop ambitieux ?

    Par DonBear
    Publié dans Previews
    9 oct. 2022
    4 min de lecture
    Preview The Invincible - un jeu narratif trop ambitieux ?

    The Invincible a été annoncé pour la première fois en 2020 avec assez peu d’informations : on apprenait principalement qu’il est développé par Starward Industries, un studio formé par une dizaine de vétérans de CD Projekt ayant bossé sur The Witcher 3. Il ne s’est dévoilé que récemment, plus précisément lors du Summer Game Fest 2022. Le trailer mettait en avant une prouesse technique, mais restait relativement nébuleux concernant son histoire ou son gameplay. Et, si la session d’une heure qui donne lieu à cette preview a légèrement éclairé ma lanterne, il conserve tout son mystère.

    Seul sur Regis III

    Inspiré du roman éponyme de l’écrivain polonais Stanisław Lem, The Invincible raconte l’histoire du Dr Yasna, partie sur mystérieuse planète pour enquêter sur la disparition d’une équipe de recherche. Dans ce monde uchronique où la Guerre Froide n’a jamais pris fin, la révolution numérique n’a jamais eu lieu et laisse place à une technologie digne de toute œuvre de science-fiction qui se respecte.

    On commence donc la démo sans trop comprendre ce qu’on fait là, mais les pièces du puzzle se mettent rapidement en place grâce aux dialogues entre Yasna et Novik, un collègue avec qui on communique uniquement par radio, rappelant en quelque sorte la dynamique si particulière de Firewatch. Le premier objectif est de rejoindre un rover à priori abandonné à la recherche d’indices. Et déjà, après seulement quelques secondes, trois éléments sautent aux yeux.

    Premièrement, c’est très joli. La teinte jaune et orange de la planète rappelle Mars, et restera tout du long de la démo dans cette palette de couleur. Ce qui pourrait s’avérer éreintant n’est en réalité pas dérangeant car c’est justement ce qui contribue à l’atmosphère : on ressent bien l’isolement sur une planète lointaine, un peu à la manière d’un Seul sur Mars – excepté le fait que l’on est en contact constant avec quelqu’un –. Les lumières, les ombres, les textures, tout est vraiment réussi et s’avèrera peut-être usant sans renouvèlement sur plusieurs heures de jeu, mais chaque détail est mis en valeur par le soin apporté aux graphismes.

    The Invincible Screenshot

    Deuxièmement, le gameplay est rigide. Le personnage est aussi lent que lourd, chaque pas se fait sentir et on éprouve manette en main la pression ambiante. Ce qui n’est pas un problème initialement le devient dès lors qu’on loupe quelque chose : le jeu semble dirigiste donc les écarts de route ne devraient pas être légion, mais les murs invisibles bloquant le chemin dès qu’on sort des rails ajoutent à cette inertie. Yasna n’est pas du tout agréable à manier, sans doute en adéquation avec la volonté des développeurs. Sur une heure, ça m’a fait souffler quelques fois, j’ose à peine imaginer le résultat sur plusieurs heures.

    Troisièmement, les doublages sont une horreur. Je n’ai pas réussi à trouver l’information concernant les doubleurs, mais le ton monotone et désincarné ne retranscrit absolument pas les sentiments des personnages. Certes, ça colle parfaitement à l’ambiance du jeu, mais il manque malgré tout les intonations pour crédibiliser les interprétations. Elles correspondent bien aux personnages mais ça reste plat, peu inspiré et parfois à la limite du ridicule.

    Prometteur, oui, mais…

    Reste alors la question du scénario, surtout pour un jeu qui semble à tout point de vue être une expérience narrative. Après avoir trouvé le rover et quelques cadavres à côté, on continue notre route jusqu’à tomber sur un Antimat – une sorte de grosse machine un peu flippante – désactivé. Ce dernier, ou du moins les photos qu’il a prise, racontent les événements qui se sont déroulés avant notre arrivée. L’équipe de recherche aurait trouvé quelque chose en creusant dans un tunnel, et ce même quelque chose aurait piraté les automates pour tuer l’équipe. En avançant toujours plus, on découvre un Transporter, un véhicule volant qui appartient à l’équipe de recherche. On en apprendra plus sur une sorte d’essaim d’insectes étrange, lié à une sorte de flore métallique et vivante. La fin de la démo ne fait que poser plus de questions concernant Regis III, cette planète inhospitalière qui sert de cadre à l’aventure.

    The Invincible Screenshot

    The Invincible est donc à n’en pas douter un jeu narratif. Les seules interactions possibles sont avancer, cliquer sur un élément du décor pour déclencher un dialogue et utiliser les outils à notre disposition. Concernant le premier point, la rigidité est de mise comme je l’ai mentionné auparavant. Pour les dialogues, au-delà des doublages, certains choix de réponses sont proposés au joueur. Il ne m’a pas semblé y avoir de conséquences directes en fonction de ce que je répondais – si ce n’est un léger changement de ton – mais reste à voir si ces choix n’impacteront pas l’aventure dans son ensemble, ou si des choix plus importants pointeront le bout de leur nez plus tard dans le jeu.

    Quant aux outils, ils sont tous très bien intégrés au gameplay et il ne fait nul doute que chacun aura son utilité au fil de l’aventure. On possède une sorte de longue-vue, un détecteur pour obtenir des renseignements supplémentaires sur un objet, un radar très utile dans les coins sombres pour détecter toute forme de vie ou des robots, et bien sûr la carte sur laquelle Yasna note chaque élément que l’on relève dans le décor. Un détail qui joue beaucoup sur l’immersion, car on ressent rapidement une progression dans l’enquête. Ça se sent, The Invincible cherche à être le plus immersif possible. Il y parvient parfois très bien avec, par exemple, l’utilisation de la carte de manière diégétique, et d’autre fois un peu moins comme les nombreux murs invisibles vous bloquant la route. Si la démo ne laissait pas beaucoup d’occasions de se servir de chacun de ces outils, ils me semblent être un bon point de départ pour varier quelque peu les séquences de gameplay.

    The Invincible Screenshot

    Pour finir, il me faut parler des bugs qui ont rendu l’expérience parfois agaçante, souvent désastreuse. Si les premiers étaient de l’ordre de textures qui ne chargeaient pas ou de Yasna qui se coince quelques secondes dans un caillou, j’ai eu le malheur de tomber en dessous de la carte (dévoilant au passage un élément qui devait servir de surprise scénaristique). Il m’a donc fallu tout recommencer, jusqu’au moment où Yasna s’est coincée pour de bon dans un mur, sans aucune possibilité de la débloquer. Cette fois encore, rien d’autre à faire que de relancer le jeu. Difficile de blâmer le studio, qui n’est composé que d’une dizaine de personnes, surtout pour un jeu qui n’est pas fini. Espérons cependant que ce genre d’errements ne se retrouvera pas à la sortie du jeu, prévue pour 2023 sans plus de précisions.

    Comme l'a déjà démontré Solaris au cinéma, la hard SF venue de l'Est est autrement plus âpre que son homologue américain. The Invincible intrigue, questionne et cette première heure donne envie d'en savoir plus. Regis III est une belle planète, mise en valeur grâce à des graphismes vraiment beaux et une direction artistique réaliste. Mais il faudra malgré tout faire preuve de retenue : le gameplay est trop rigide pour être appréciable, les doublages sont en deçà de ce qu'on pourrait attendre pour une expérience avec autant de dialogues, et il est encore difficile d'imaginer à quoi peut ressembler cette portion étalée sur plusieurs heures. Un jeu avec un certain potentiel, mais qui devra lisser ses mécaniques pour proposer une enquête aussi prenante intellectuellement parlant que manette en main.

    Tags

    Narratif11 bit studiosPC

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    DonBear

    DonBear

    Fondateur

    DÉVELOPPEUR :

    Starward Industries

    ÉDITEUR :

    11 Bit Studios

    DATE DE SORTIE :

    2023

    PLATEFORME :

    PC, PS5, Xbox Series

    PRIX À LA SORTIE :

    ?

    Testé sur PC grâce à un code fourni par Warning Up et l'éditeur

    Sommaire

    1
    Seul sur Regis III
    2
    Prometteur, oui, mais...

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