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    Par DonBear
    Publié dans Analyses
    29 juin 2021
    9 min de lecture
    « Je n'ai plus le temps de jouer », « J'ai trop de jeux à faire » : comment résoudre ces problèmes ?

    Une affirmation que vous avez probablement souvent entendue, voire pensée vous-même. Une liste de jeux en attente qui s’agrandit inlassablement, donnant parfois le vertige tant le nombre d’heures nécessaires pour en venir à bout devient irréaliste. Le temps nous manque pour faire tous ces jeux qui ont su attirer notre attention, et on aimerait à certains moments que les journées durent 48 h au lieu de 24.

    Pourquoi cette impression ?

    Une impression persistante et surtout récente comparée à la – relative – longévité du jeu vidéo. Même dans les années 2000, la question relevait plus souvent de l’ordre financier que du temps de jeu disponible.

    Peut-être est-ce simplement générationnel. Du haut de mes petits 28 ans, j’ai tendance à côtoyer des gens proches de mon âge avec des problèmes identiques. La « daronnisation » et tout ce qu’elle implique prennent de l’ampleur en moyenne – inventée par mes soins mais réaliste – entre 25 et 35 ans : fonder une famille, bâtir une carrière professionnelle, un nombre de responsabilités croissant, etc. Toutes ces préoccupations demandent du temps, et le jeu vidéo semble secondaire face à leur importance. Et ce, peu importe l’amour que l’on porte au médium. Vous pourriez me rétorquer un simple « Ok Boomer », mais en réalité, on finit tous par y arriver un jour – ou presque. En découle un temps de jeu plus restreint : un jeune parent ne laissera pas son enfant mourir de faim pour aller farmer 10 sangliers dans une plaine – et si c’est le cas, ça s’annonce mal pour la suite. Par exemple, il m’a fallu deux mois et demi pour terminer Red Dead Redemption 2, car je me concentrais à ce moment-là sur mon boulot. Forcément, en jouant 3 h par jour, un jeu qui demande 80 h pour en voir le bout s’étalera sur une longue période – période où d’autres jeux sortiront et s’ajouteront à la liste de ceux à faire. Lorsque des titres comme Zelda Breath of the Wild, Yakuza 7, Fallout New Vegas, ou n’importe quel oeuvre de plus de 60 h se trouvent dans cette liste, on se sent fatalement submergé par l’investissement nécessaire pour apercevoir le générique de fin.

    Un temps dispersé pour plus d’informations

    Mais l’explication ne se trouve pas que dans le comportement des joueurs. L’arrivée d’internet et sa démocratisation ont totalement altéré notre rapport à l’information. « En 30 ans l’humanité a fourni plus d’information qu’en 5 000 ans d’histoire » déclare ainsi Caroline Sauvajol-Rialland, maître de conférence à Sciences Po Paris. Désormais, les nouvelles défilent toute la journée, et pour peu que l’on soit intéressé par le sujet, notre connaissance de l’actualité engrange une quantité de savoirs astronomique. Entre les dates de sorties, les mises à jour, les trailers, les révélations de trailers et tout un tas d’autres publicités, on se retrouve rapidement submergé par un tas de données. À un tel point qu’on note quelque part dans notre esprit des dizaines de jeux à venir, voire des centaines pour les plus motivés, et ainsi naît une sensation de trop-plein. Prenez l’E3 par exemple, et son nombre conséquent d’annonces. Il semble aisé d’imaginer dès lors les heures s’accumuler face à toutes ces sorties prochaines – du moins, pour celles dont on se rappelle, soit 10% de ce qu’on voit. Il y a de de quoi facilement perdre le compte – ou les pédales.

    Et c’est d’ailleurs ce même internet qui propage une dispersion de l’attention. Depuis leurs créations, les réseaux sociaux sont connus pour les addictions qu’ils créent. Et même sans compter Twitter, Instagram ou Facebook, des sites comme Reddit, Quora ou 9gag sont des puits sans fond où les heures filent sans que l’on s’en aperçoive. Notre temps d’attention diminue, comme l’explique une étude publiée dans la revue scientifique Nature, basée sur 43 milliards de tweets. Les chercheurs ont constaté qu’une tendance Twitter restait dans le top 50 pendant 17,5 heures en 2013 contre 11,9 heures en 2016. Dans ce contexte, difficile de se concentrer sur un sujet spécifique sans aller voir ce qui se passe ailleurs, de résister aux distractions, et donc de passer moins de temps à jouer. Après tout, ce n’est pas pour rien que l’on conseille souvent de désactiver ses notifications pour être plus productif.

    Un médium plus ouvert et qui s’agrandit

    D’autant plus que le médium devient de plus en plus accessible. La diversité et les variations de prix permettent à tout le monde d’en profiter. Vous n’aimez pas les jeux violents ? Une pléthore de jeux indés vous offrira une aventure pacifiste. Vous aimez un style spécifique ? Il existe forcément des dizaines de titres dans cette catégorie. Vous subissez une fin de mois difficile ? Les nombreuses promos, le GamePass (une politique à laquelle je n’adhère pas, mais on garde ce sujet pour un autre article) ou encore le PlayStation Plus (dans une moindre mesure, avouons-le) peuvent vous épauler. Vous n’avez pas les moyens de vous acheter un PC ou une console ? Le cloud gaming pourrait bien être la solution. Bref vous l’aurez compris, jouer aux jeux vidéo n’a jamais été aussi facile. Et c’est sans compter les nombreux remasters et remakes, qui permettent d’accéder aux classiques de l’industrie facilement à des prix plus bas – sauf quand on parle d’EA et de Mass Effect – que les gros hits de l’année.

    En plus d’être facilement accessibles, les jeux abondent de plus en plus. Après la première vague de jeux indépendants en 2008, de plus en plus de créateurs se sont lancés dans l’aventure, et beaucoup proposent désormais leurs œuvres. Il suffit de faire un tour sur itch.io pour s’en rendre compte. Et même pour les moins courageux, il suffit de voir la progression faramineuse du nombre de jeux disponibles sur Steam chaque année. On décompte pas moins de 9868 jeux publiés en 2020, contre 67 en 2004.

    Backbone Screenshot

    Forcément, de tels chiffres font tourner la tête. Avec autant de possibilités, le temps devient un paramètre majeur à prendre en compte. Même si la majorité des titres publiés passeront probablement à côté de votre radar à bons jeux, il suffit d’une trentaine pour voir le compteur d’heures exploser. Par exemple, j’ai joué en 2020 à une cinquantaine de titres, et mon temps de jeu avoisine les 1500 heures. Et on parle d’une année très spéciale, avec deux confinements, dont un strict. En temps normal, avec un boulot et une vie sociale, atteindre ce chiffre relève presque de l’impossible. Alors, comment faire pour ne plus se sentir submergé et se débarrasser de cette fâcheuse impression de temps toujours manquant ?

    Les solutions

    Si on ne peut pas ralentir le passage du temps, on peut néanmoins trouver quelques arrangements pour faire disparaître – ou du moins amoindrir – cette désagréable sensation. Les propositions que vous découvrirez ici ne diminueront pas votre liste de jeux interminable ni ne rallongeront les heures disponibles. Mais elles pourront peut-être bien vous aider à vous apaiser et à relativiser tout ça.

    Faire des jeux courts

    Excepté la campagne solo des Call of Duty, la majorité des jeux grand public durent entre 10 et 40 h. Et c’est sans compter les RPG – occidentaux comme japonais –, les jeux de stratégie ou encore les jeux à forte rejouabilité qui peuvent faire décoller le nombre d’heures. Alors forcément, face à des aventures aussi longues, avoir l’impression de venir à bout d’une œuvre demande beaucoup d’investissement. Sauf que, comme évoqués précédemment, les jeux indépendants ont bouleversé l’industrie il y a environ une dizaine d’années. Et d’ailleurs, à l’époque, beaucoup de joueurs pestaient à l’idée de payer 20 € pour une durée de vie d’à peine quelques heures. Sauf que ces titres là sont justement parfaits pour vivre une expérience courte et en voir le bout rapidement.

    On ne se sent plus coincé par le temps, et il est possible grâce à ces jeux à la courte durée de vie d’apprécier différents gameplays, différentes narrations et différentes directions artistiques. De voir des œuvres très différentes les unes des autres, et ainsi d’expérimenter beaucoup plus. Bien sûr, le sentiment d’aventure gigantesque ne peut pas être comparé à celui ressenti face à un Skyrim ou la trilogie des Mass Effect. Les personnages sont beaucoup moins creusés que dans un Persona 5 ou un The Witcher 3. Mais c’est aussi l’assurance de ne pas voir une durée de vie gonflée artificiellement, comme c’est le cas sur beaucoup de titres. Le dernier God of War représente parfaitement cette tendance : si l’histoire principale peut se boucler en une vingtaine d’heures, il en faudra le double voire le triple pour tout faire. Une majorité des jeux indépendants – notamment les jeux narratifs – ne s’enlisent pas de ce genre de considération, et un Firewatch ou un Oxenfree se parcourt sans aucune question sur la légitimité du contenu.

    Le meilleur moyen de voir une liste de jeux interminable diminuer, c’est d’alterner entre des jeux courts et de grandes aventures épiques qui durent des centaines d’heures. Comme ça, on ne perd rien du sentiment grisant de vivre une grande aventure, tout en ayant la possibilité d’expérimenter différentes choses. Cette alternance permet aussi de dégager plus de temps pour les jeux multi, puisqu’on n’a pas l’impression de mettre une pause son aventure.

    Si jamais ça vous intéresse, Hugo de la chaîne YouTube Game Next Door propose une liste de jeux aux alentours de 20 €, avec une durée de vie de moins de 10 h. Tous les jeux proposés sont excellents. Voilà un bon point de départ pour découvrir des petites perles indés !

    Ne pas finir les jeux

    Il est tout à fait possible que vous ne soyez pas intéressés par les jeux plus courts. Peut-être que votre dada, ce sont les RPG aux twists imprévus, aux univers riches et dotés d’une palette de personnage riche. Ou des titres centrés sur l’exploration à la carte gigantesque, avec des milliers de perspectives et un monde à découvrir. Si tel est le cas, et que vous avez l’impression de vous noyer dans une liste de jeux interminable, peut-être devriez-vous reconsidérer votre rapport au sentiment d’obligation de terminer un jeu. Par exemple, j’ai passé 95 heures sur Zelda BOTW. Ce fut un moment incroyable, et il a rapidement atteint le rang de jeu culte à mes yeux. Mais à bien y réfléchir, le dernier quart de l’aventure ne m’amusait plus tellement. Je ne découvrais plus de nouvelles mécaniques, les décors ne m’enchantaient plus comme au début, et les sanctuaires ne m’accrochaient plus comme avant. Sans aller jusqu’à dire que je me suis forcé à le finir – parce que ça restait un immense plaisir d’y jouer –, je pense honnêtement que j’aurais tout autant apprécié le jeu sans même avoir vaincu Ganon.

    Et ce sentiment de complétion, sur beaucoup de titres, s’avère en réalité contre-productif. En mettant de côté les jeux narratifs, qui misent tout sur leur scénario, la plupart des jeux ont une histoire prétexte pour permettre au joueur de justifier ses actions. Par exemple, est-ce vraiment si important de finir XCOM, Skyrim ou encore Shadow of the Tomb Raider ? Pas vraiment. La grande majorité des récits se ressemblent, et la plupart du temps, le gentil vaincra le méchant à la fin. Bien sûr, il y a plein de facteurs variables, pleins d’histoires qui prennent à revers les poncifs. Mais la plupart des scénarios deviennent relativement prévisibles passé un certain nombre de péripéties. Est-il réellement pertinent de se forcer à aller jusqu’au bout pour un jeu n’apportant rien de plus qu’un final déjà anticipé ?

    Si vous voulez avoir les réflexions d’autres gens bien plus talentueux que moi, je ne peux que vous conseiller cet article sur le blog communautaire Merlan Frit, écrit par l’excellente plume de Laurent Braud. Il y a aussi une très bonne vidéo de Games Next Door (et oui, encore eux !) sur le sujet :

    Le cloud gaming et les consoles portables

    Un conseil que je ne considère pas vraiment comme le meilleur, mais dont j’ai vu les bénéfices chez certaines personnes. Un de mes anciens collègues utilisait le logiciel de cloud computing Shadow au bureau lors de ses pauses déjeuner. Sur un jeu court, cela peut permettre de dégager du temps le soir. Et bien sûr, au-delà du cloug gaming qui se montre peu accessible (une connexion de 50 Mo/s dans le métro, on y croit mais pas trop), les consoles portables et plus précisément la Switch sont de véritables aubaines pour jouer en tous lieux. Avec son catalogue débordant de bons jeux, la petite dernière de Nintendo offre la possibilité de jouer dans les transports, aux pauses déjeuner, dans le train, au volant… Partout où vous en avez envie. Une bonne solution donc pour jouer plus souvent, et ainsi perdre cette sensation de ne plus avoir le temps de se consacrer à son médium préféré.

    Par contre, là où je me montre un peu plus sceptique, c’est que cette solution vous laissera le nez plongé dans un écran tout le temps. Une pause déjeuner est d’autant plus intéressante qu’elle permet de sympathiser avec ses collègues – et de manger. Les transports peuvent être l’occasion de découvrir de nouvelles musiques ou des podcasts. Puis bien sûr, les gens en voiture n’ont pas vraiment la possibilité de jouer pendant leur trajet. À réserver donc aux fans hardcores.

    Quitter boulot, femme et enfants

    Et oui, pourquoi pas après tout ? Si vous voulez trouver le temps de jouer, plaquez tout et allez vous exiler là où la fibre optique vous permettra de jouer tranquillement à vos jeux. Bien entendu, la réalité vous rattrapera assez vite, tout comme les huissiers et la pension alimentaire. Mais ça vous allouera tout de même un petit moment de quiétude pour jouer sans vous prendre la tête !

    Plus sérieusement, réussir à s’aménager du temps pour soi est primordial au quotidien. Au-delà du jeu vidéo, ce jardin secret peut s’articuler autour de n’importe quel intérêt ou passion, et il est important d’y consacrer du temps.


    Voilà qui conclut ma réflexion sur le jeu vidéo et le temps impossible à rattraper ! Le sujet était principalement centré sur les jeux solos, car ajouter les jeux multijoueurs à l’équation demanderait une vision complètement différente. Ils sont eux aussi extrêmement chronophages, mais ont surtout une durée de vie illimitée, ce qui rendrait incohérents les propos tenus dans cet article. Bien entendu, ces conseils ne marcheront pas pour tout le monde et ne restent que de simples idées que j’ai pu expérimenter moi-même. Si vous aussi vous en avez en tête, n’hésitez pas à nous les partager en commentaire !

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